Un bout de Ker à l'horizon...

Le premier bout de Ker que j'aurais vu, cela aura été deux de ses petites îles: l'Îlot du rendez-vous (je me demande bien qui peut se filer rencart sur ce bout de caillou, à part albatros et éléphants de mer...)
et les Nuageuses...

le petit point lumineux c'est le Marion!

Arche par avant bâbord!

et pour cette arrivée aux parages de Ker, le Commandant nous gâte: il a choisi de passer par le Nord, et au nord, il y a l'Arche de Kerguelen, la fameuse, celle que tout le monde voudrait voir mais ne voit pas,et il va se faire un plaisir d'aller nous la montrer...  sur le bateau tout le monde s'est renseigné toute la journée en passerelle savoir à quelle heure le Marion serait sur l'Arche, pour éviter de la rater pendant sa sieste par exemple... Mais une annonce générale est faite quand elle devient visible...


Pour en profiter le plus possible, le Marion rentre dans la Baie de l'Oiseau pour s'en approcher au plus près, la longer sur bâbord, fait demi-tour, et à nouveau sur tribord. Beaucoup de monde à la passerelle, il fait un peu froid sur le pont! et dés qu'un des piliers apparait, les premiers appareils photos se déclenchent, en fonction du zoom que chacun a pu investir... Mais bientôt nous sommes tout proche, et là tout s'accélère: d'abord prendre l'arche en photo, puis se faire prendre en photo devant, sans qu'il y est trop de monde dessus, histoire de faire croire qu'on était quasi tout seul..., au milieu des flashs qui crépitent, et puis le bateau vire, certains malins sont déjà sur tribord aux meilleures places!

la fameuse...

Paris à sa tour Eiffel, et son arc de triomphe, Kerguelen à son Arche, alors on ressemble un peu à ces japonais sur le champ de mars, mais le moment est assez unique, alors on s'excuse... Alors comme vous le voyez ce n'est plus vraiment une arche... elle a perdu sa table il y a presque cent ans... raison de plus pour l'immortaliser, bientôt il n'y aura peut être plus qu'un seul pilier...

le portrait souvenir...

 Et puis le Marion s'éloigne, l'arche aussi... on la suit des yeux jusqu'au bout. Nous reprenons la route de Port-aux-Français,que nous atteindrons le lendemain matin pour le débarquement. Une seule émotion par jour suffit...

De Cro à Ker

l'île de l'Est, en quittant Crozet

île de l'Est sur babord

De Cro à Ker, ça a été le moment le plus agité de la traversée, une mer "moyenne" pour le Commandant, qui avait déjà vu pire, mais plus calme aussi. C'est donc là que les verres à moutarde remplacent ceux à pied, et qu'un treillis anti-dérapant est déposé sur les tables. C'est aussi à ce moment, lors d'un bon coup de roulis que l'on fait mieux connaissance avec son voisin de table... car pas facile de s'accrocher à une chaise qui glisse... Mais comme dit le Commandant, la table elle est fixée, pas la chaise...ah oui...
Et c'est aussi dans ces moments  la nuit qu'on regrette d'avoir un lit un peu large... quand chaque coup de roulis nous envoi à gauche puis à droite... Alors là la technique consiste à caler sous le matelas la combinaison de survie (le tube noir dans ma cabine..), pour se retrouver dans un petit creux... Quoique les moins chanceux étaient sans doute ceux dont le lit était perpendiculaire à l'axe du bateau, parceque là à chaque coup de roulis ils s'écrasaient la tête contre le mur, quand ils ne glissaient pas vers la sortie..

  

Deux jours à marcher de travers dans les couloirs donc, pas facile non plus lors des cours de secourisme!

Ci-dessus le bar du Marion (à 08h du matin...), où la technique consiste ici à ne pas s'assoir sur les poufs lors des grandes tempêtes, sous peine de glissades assez violentes sur le lino tout lisse...

Un autre endroit stratégique du Marion: la passerelle et son poste de pilotage...

Bientôt les choses sérieuses: l'arche de kerguelen!

Crozet : première étape australe

Alfred Faure, la base colorée de Crozet

Premiers pas austraux... premiers manchots, premiers éléphants de mer (les "zélefs"), premiers vrais "hivernants", devenus aussi sauvage que toute cette faune... faut dire qu'en débarquant chez eux à une vingtaine, on double l'effectif de la base en quelques minutes alors que ça fait plus de 6 mois qu'ils sont entre eux! Mais l'accueil est tout de même chaleureux...et ceux qui veulent pas nous voir se cachent...ils ressortiront quand nous seront partis, en laissant derrière nous les nouveaux hivernants...

des caillebotis pour l'infini

La manip commence avec l'hélico, pièce maitresse de toutes ces escales, pour le transport de matos et de personnes. Cela commence le matin tôt pour amener des caillobotis  dans une vallée... Pourquoi faire des caillebotis? Pour marcher dessus, et pas abîmer à côté... Faut savoir que les Taaf sont réserve naturelle intégrale (le top du top...) depuis 2006, alors pas question d'abîmer quoi que ce soit, pas même une p'tite mousse! Mais faut ausi savoir que ces mousses, si on marche dessus, on détruit leur architecture qu'elles ont mis des milliers d'années à perfectionner pour résister aux éléménets d'ici, et elles meurent en quelques semaines, alors vu comme ça...

Albatros fuligineux droit dans les yeux

Au passage, en attendant le débarquement (et le baptême en hélico...) quelques albatros fuligineux (les "fuli"), viennent montrer le bout de leur bec...


 Puis hélico, débarquement, rencontre des hivernants, buffet d'accueil, et c'est la descente à la manchotière, pour enfin les voir, les manchots, royaux c'est vrai avec leur orange doré, par milliers... avec leur poussins de l'an dernier, moins royaux c'est vrai... ça bouge ça piaille dans tous les sens, ça sent aussi... d'ailleurs on les sentait déjà du Marion, avec le vent dans le nez...

Les adultes vont et viennent, certains se baignent, d'autres amènent de quoi manger à son poussin, d'autres ont l'air de s'engueuler, d'autres ont l'air potes, à marcher "debout", on leur prête des comportements humains... Chacun défend son "territoire" à coup de bec et d'ailes, ils ont pas intérêts à se tromper de chemin en rentrant chez eux, sinon c'est castagne assurée!

le french kiss quand t'es manchot c'est dur...

oui, un bébé manchot c'est moche...

le Marion ils commencent à connaître...

Et au milieu de tout ça ont les voit à peine, pourtant ils sont assez gros.... mais ils ont la même couleur que le sable, ou alors on les confonds avec les rochers: les "zelèfs"...

et moi dans tout ça?

chai pas pourquoi j'le suis mais j'le suis...

en remontant de la manchotière

 Et puis faut bien remonter un jour... laisser sa place aux autres, et puis il y a aussi en contrebas de la base les "grands albas" qui nichent à aller voir...

Les poussins sont maintenant des beaux bébés d'une vingtaine de kilos, comme les bébés manchots, ils ont presuqe un an, et vont bientôt s'envoler, même s'ils ne le savent pas... papa et maman vont arrêter de se relayer pour aller pêcher et leur cracher du tout cuit dans le bec, alors quand la faim sera supérieure au confort du nid douillet, faudra battre des ailes mon bonhomme!

un bo bébé alba de 20kg....

Voilà à peu près mes 24h sur base à Crozet, allez, juste une déception: on a pas vu d'orques...

De la "Ru" à Crozet

Si vous avez tout suivi, vous devez savoir à peu près que je suis maintenat à Kerguelen, et que le Marion est reparti hier... Mais avant tout ça, que s'est-il passé?

dans la cabine...

Avant  ça, j'ai navigué sur le Marion, 10 jours de naviguation au total, en comptant notre escale à Crozet. On a pas traîné, faut dire que la mer a été plutôt clémente. Même pas le mal de mer... y aura des stocks de nautamine pour le retour!! La vie à bord s'est organisée simplement: petit déj vers 8h,  le matin sieste 'et oui...° si la nuit avait été un peu dure (il y avait quand même pas mal de roulis...), conférence avec les scientifiques du bord, déjeuner à 12h15 (privilège de manger "tard" au 2* service...), après midi comme le matin... Sans oublier les balades sur le pont, le bouquinage, le copinage... Puis dîner à 19h15, cuisine impeccable, verres à pieds nappe blanche garçons et maître d'hôtel... Les verres à pieds étaient quand même éliminés quand le roulis roulait trop... Après le repas, cinoche (mais jamais fait), ou bouquin, ou évidement un petit verre au bar du bateau...

Courrier postal

au fait pour m'écrire (parce que le net ça va un peu mais bon...)

Mr JB VASSE
Base de Port-aux-Français
District de Kerguelen 
Terres australes et antarctiques françaises 
Via La Réunion

Le courrier doit arriver une semaine avant le départ du bateau, le prochain part demain, trop tard, le suivant quittera la Réunion, le 04/12, alors à vos plumes! (et oui déjà...)

Mon beau bateau

  Rendez-vous à Kerguelen!

Un truc pour rire dans cette journée d'adieux: j'ai oublié les clefs de mes malles à Rennes... l'aventure commence déjà!

Si vous voulez me suivre, c'est par là que ça va peut-être se passer...