Toubibaker or not to be baker?

l'abaisseuse, attention les doigts...

A Kerguelen, pas la peine de sortir de la base pour faire des manips, la manip "boulange" est ouverte à tous, Jo notre pâteux nous accueille dans son "laboratoire" avec plaisir... Faut juste être courageux et se lever à 3h30.... Bon ok je suis arrivé à la bourre, 4h30, les pâtes à pain et à croissants étaient déjà faites, mais ça faisait 3 fois dans la semaine que je me levais à cette heure là...

Et faut mettre direct les mains à la pâte: il faut couper la pâte à pain en morceaux de 300g, pour en faire des "patons" que Jo  réalise en  deux temps trois mouvements un dans chaque main, tandis que je galère avec mes dix doigts pour faire une boule pas trop carrée...

Patons petit, pas tapons...

Pendant que les patons lèvent, on règle son compte à la pâte à croissants, en lui faisant manger des plaquettes entières de beurre à coups de rouleaux à pâtisserie juste avant de lui faire subir le supplice de "l'abaisseuse", ou comment obtenir 3m de pâte feuilletée à partir d'un morceau de 30cm...

Il est temps  alors de sortir les patons du placard, qui ont doublés de volume, pas pour longtemps, car maintenant il faut les écraser pour les dégazer puis les rouler pour essayer d'obtenir une future baguette sans bulles pour pas qu'il y ait un gros trou dedans après la cuisson, le genre de truc où l'on râle après parce que on ne sait pas où tartiner le beurre... Le tout dans une forme à peu près régulière pour éviter les remarques du gars qu'a pas réussi à mettre le jambon dans son sandwich coupé dans ta baguette en zig-zags!                     

y sont beaux mes croissants y sont frais..

 Là encore Jo travaille légèrement plus vite que moi mais m'accorde quand même une pause café, bon prince... Mais avant de passer dans la salle café il faut montrer patte blanche et se "désarmer" en repliant son tablier... la boulangerie est une activité dangereuse... En tout cas chaque profession a ses codes...

A peine le temps de se poser qu'il faut déjà aller s'occuper des croissants, mais là le geste est plus simple et plus ludique que pour les baguettes, je m'en sors mieux, et Jo me laisse faire tout en me décrivant la vie qui s'anime en face de nous:  depuis les 6 mois qu'il est là tous les matins les mains dans la farine, il connait toutes les habitudes des habitants des chambres qui nous font face: Untel va ouvrir sa fenêtre à telle heure, lui va venir déjeuner, pas lui, l'autre là on va le voir fumer sa clope... Et effectivement, petit à petit, le bâtiment s'anime comme il l'avait prédit, petit théâtre de marionnettes, les rideaux s'ouvrent, ou pas, les lumières s'allument, les gens sortent...

le kayak ça manque...

Avec tout ça on a le temps quand même de tester une recette de kouign-amann que j'ai trouvée sur internet, c'est une première pour tous les deux, mais le résultat est assez joli, et pas dégueux, quelques modifs à faire dixit le chef pour la prochaine fois quand même...

avec le vrai "baker"

Cette manip boulange pourrait bientôt devenir obligatoire car le poste de pâteux est sur la sellette... restrictions de budget..., un nouveau pateux arrive quand même à OP1... tant mieux, on aura encore du bon pain, des viennoiseries et quelques patisseries pour l'hiver, après, rien n'est moins sur, ce sera en fonction de l'expérience du second de cuisine ou des hivernants assidus à cette manip matinale!