On s'y était habitué...
On les voyait tous les jours en se baladant autour de la base, sur le port... Certains m'avaient même rendu visite à Noël rappelez-vous!
A terre, ils passaient leurs journées à se prélasser au soleil, ou à se tenir chaud les jours de grand vent. On ne pouvait pas s'empêcher d'aller leur gratter le ventre, ils se réveillaient un peu grognons, essayaient de nous impressionner en ouvrant grand leur gueule, assorti d'un beau rot sonore , mais la plupart nous regardaient simplement passer... 
Au lever et à la fin du jour, ils allaient se baigner, et jouaient entre eux comme des gamins. Premières sensations pour eux avec leur vrai élément. On eut la chance même parfois de les y rejoindre... Peureux et paresseux à terre, ils devenaient curieux et agiles en mer, et les quelques nages avec eux sont des moments inoubliables! 
Mais un jour est venu où le bon lait de maman a été complètement digéré, et la faim s'est faite sentir, alors ils sont partis... sans que l'on y fasse attention, un par un, petit à petit, chacun sa vie... Et un jour à marcher sur le port, on s'est aperçu qu'il n'y avait plus personne... A l'heure qu'il est, ils gloutonnent autour de Kerguelen, à moins que... à moins que des gourmands plus gros n'aient croisés leur chemin...Il n'y a pas que les fleurs qui soient périssables, les bonbons aussi finalement...
